Vue d'ensemble
Situation actuelle
Les hallucinogènes regroupent différentes substances psychoactives comme le LSD et les champignons hallucinogènes qui ont pour principale caractéristique de provoquer des altérations de la perception et des états modifiés de conscience.
Usage d'hallucinogènes dans la population résidente en Suisse
Les résultats de l'enquête CoRolAR conduite entre janvier et juin 2014, représentative de la population suisse de 15 ans et plus, montrent qu'environ une personne interrogée sur 30 a déclaré avoir déjà pris des champignons hallucinogènes au cours de sa vie (3.7%). La proportion la plus élevée d'usagers se trouve dans la tranche d'âge des 35 à 44 ans (8.5%). Ces expériences semblent épisodiques et relativement anciennes vu que presque aucune des personnes interrogées ne signale un usage au cours des 30 jours précédant l'enquête et que seule une proportion très faible (0.2%) affirme en avoir pris au cours des 12 mois précédant l'enquête. Selon les résultats, les hommes sont proportionnellement plus nombreux que les femmes à avoir consommé des champignons hallucinogènes au cours de leur vie (respectivement 5.2% et 2.2%), de même que les Suisses alémaniques (4.0%) en comparaison des habitants des autres régions linguistiques (Suisse romande: 0.3%, Suisse italienne: 1.8%). Concernant les jeunes, l'étude HBSC de 2018 indique qu'environ 1% à 3% des filles et des garçons de 15 ans avaient déjà pris du LSD ou des champignons hallucinogènes au cours de leur vie. De façon générale, une sous-estimation de la prévalence ne peut toutefois pas être exclue dans ces différentes enquêtes. En effet, des renseignements sur des activités socialement réprouvée peuvent facilement être passés sous silence en répondant à une enquête.
Selon les données de l'enquête CoRolAR conduite entre janvier et juin 2015, la prévalence à vie d'utilisation de LSD s'élève à 3.0%. La proportion la plus élevée d'usagers se trouve dans la tranche d'âge des 35 à 44 ans (5.5%). Ces expériences semblent épisodiques et relativement anciennes vu que presque aucune des personnes interrogées ne signale un usage au cours des 30 jours précédant l'enquête et que seule une proportion très faible (0.2%) affirme en avoir pris au cours des 12 mois précédant l'enquête. Extrapolé à l'ensemble de la population, cela correspond à un peu plus de 14'000 personnes en Suisse. Les hommes sont proportionnellement plus nombreux que les femmes à avoir fait usage de LSD au cours de leur vie (4.3% contre 1.8% pour les femmes).
Seuils d'usage problématique
Il est difficile de définir un seuil d'utilisation problématique de substances hallucinogènes en raison de la diversité et de la variabilité des effets qui dépendent de la quantité absorbée, des propriétés de chaque substance, mais aussi de différences individuelles et du moment d'absorption (NIDA, 2009). Néanmoins, une tolérance de l'organisme est démontrée dans le cadre d'une utilisation chronique (Barceloux, 2012). Sur la base des données de l'enquête CoRolAR (2014) concernant les champignons hallucinogènes, on peut relever que personne n'a déclaré un usage régulier de 10 fois ou plus au cours des 30 jours précédant l'enquête.
Evolution et tendances
Il n'existe pour l'heure pas de données permettant de suivre l'évolution de l'usage d'hallucinogènes dans la population générale à long terme.
Evolution des dénonciations pour infractions à la LStup
Les données de la Statistique policière de la criminalité (SPC) montrent que le nombre d'infractions à la loi sur les stupéfiants pour usage de LSD oscille depuis le début des années 90 entre 100 et 250 dénonciations par année, à l'exception d'une nette augmentation au milieu des années 90 (plus de 600 dénonciations en 1996). Depuis et en 2002, le nombre d'infraction suit à nouveau une tendance à la hausse et dépasse les 300 cas annuels depuis 2013 (315 cas en 2017). Les dénonciations pour usage de psilocybes sont moins fréquentes que celles pour LSD, mais elles ont augmenté au fil des années (2004: 32, 2017: 193). Il faut toutefois garder à l'esprit que des facteurs liés au marché (ex. le volume du trafic) et des facteurs structurels (ex. changements en matière de contrôle) influencent le nombre annuel de dénonciations.
Comparaison avec les pays voisins
L'usage de substances hallucinogènes est également peu documenté au niveau européen. Les données disponibles indiquent que l'usage de substances hallucinogènes (champignons hallucinogènes ou LSD) est stable à un faible niveau en Europe (OEDT, 2019). La prévalence au cours des 12 derniers mois se situait selon les dernières données disponibles provenant des pays entourant la Suisse en dessous de 1% dans la population générale. La Suisse se situe dans la moyenne des pays environnants.
Indicateurs des conséquences problématiques
Domaine du traitement spécialisé
Les indicateurs des conséquences problématiques suggèrent que l'usage problématique de substances hallucinogènes, à l'image des taux de prévalence, est plutôt marginal. Ainsi les données du monitorage act-info présentent un nombre très faible d'admissions en traitement pour un problème principal lié à l'usage d'hallucinogènes entre 2006 et 2017 (moins de 1% des problèmes principaux lors de l'entrée en traitement). Cependant, cet usage semble constituer plus fréquemment un problème secondaire, par exemple accompagnant un usage de cannabis, de cocaïne ou d'opioïdes.
Hospitalisations
Le faible taux de morbidité observé dans le cadre de la Statistique médicale des hôpitaux et l'absence de cas de mortalité liés à l'utilisation d'hallucinogènes suggèrent également la faible ampleur de l'usage problématique d'hallucinogènes en Suisse.
Coûts sociaux
Il n'existe pas d'estimation des coûts sociaux liés à l'usage d'hallucinogènes. Les coûts sociaux liés à l'usage des substances illégales dans leur ensemble en Suisse ont été estimés (Jeanrenaud et al., 2005), mais il n'y est pas spécifiquement fait mention des hallucinogènes.
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